/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_7654a2_young-gina-lollobrigida-photos.jpg)
Gina Lollobrigida a un jour quitté un plateau de tournage à Hollywood pour ne plus jamais y revenir. Le réalisateur l'avait qualifiée de « simple jolie fille ». Elle lui a souri, l'a remercié, puis s'est envolée pour Rome le lendemain matin.
Ce que peu de gens savaient à l'époque, c'est qu'elle venait de refuser un contrat d'un million de dollars proposé par Howard Hughes, le producteur le plus puissant du monde. Hughes lui envoya des roses, des lettres, et même un jet privé. Lollobrigida ignora tout cela.
« Il m'a tout offert, sauf le respect », déclarera-t-elle plus tard.
Dans l'Italie d'après-guerre, où le cinéma était dominé par les hommes et où le glamour était synonyme d'obéissance, Gina était tout autre. Elle parlait six langues, dessinait ses propres costumes et discutait avec les réalisateurs jusqu'à ce qu'ils réécrivent les scénarios. Lorsqu'elle a joué dans Bread, Love and Dreams, en 1953, elle n'incarnait pas une starlette, mais une femme au regard fougueux, le genre de femme que les hommes sous-estimaient jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Le public s'est reconnu en elle, et l'Italie est tombée amoureuse.
Ce qui s'est passé ensuite l'a transformée en légende. Hollywood n'a cessé de l'appeler, mais elle a bâti sa carrière en Europe selon ses propres conditions. Elle est devenue un symbole international d'indépendance, bien avant que le féminisme n'ait un nom dans le cinéma. Plus tard, elle se réinventera à nouveau, en tant que photojournaliste. Elle a interviewé Fidel Castro et photographié Salvador Dalí, troquant les tapis rouges contre de véritables révolutions.
« La beauté s'estompe, disait-elle, mais le courage, lui, reste sur le visage. »
/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_36b034_ouvgl.jpg)
Pourtant, le plus incroyable reste à venir. En effet, à l'heure où nous écrivons cet article, nous constatons que Wikipédia - encyclopédie "de référence" - ne mentionne même pas la seconde carrière de Gina Lollobrigida, plus éblouissante encore que la première : celle de sculptrice.
/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_8593fb_italian-sculptor-gina-lollobrigida.jpg)
Ses œuvres sculptées peuvent également être perçues comme l'expression d'une occidentale qui assume la beauté de la vie.
Dans sa matière de donner vie à la matière, elle détonne. Nous n'avons pas affaire à un talent d'actrice pour soirées mondaines, mais à une artiste dans la lignées des grandes.
Qu'ils expriment la mélancolie, la tristesse ou la joie de vivre, les personnages qu'elle sculpte sont toujours beaux, de cette beauté que refuse aujourd'hui notre époque empêtrée dans l'auto-dénigrement issu du wokisme.
/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_ddd490_91mdodmempl-sl1500.jpg)
C'est précisément en observant les portraits de Giacomo Manzù, sculpteur italien, qu'elle décida de se consacrer à la sculpture :
« Il m'a inculqué l'humilité et la passion nécessaires à la sculpture »
En 1990, elle entreprit pleinement son travail de sculptrice et crée plus de soixante sculptures, dont certaines en marbre.
En 1992, Lollobrigida représente l'Italie à l'Exposition universelle de Séville avec sa sculpture Vivere Insieme , un grand aigle chevauché par un enfant joyeux : une image
/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_c83393_italian-actress-gina-lollobrigida-with.jpg)
surréaliste de l'harmonie entre l'humanité et la nature.
Le président français François Mitterrand la félicita pour cette œuvre et la décora de la Légion d'honneur pour son talent artistique, la qualifiant d'« artiste de mérite ».
/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_c60816_aadfb69b5e3a20ae2e3b21539c34b491.jpg)
En 1996, elle devient membre honoraire de l'ancienne Académie des arts du dessin de Florence , la troisième femme à recevoir cet honneur.
En 2003, elle organise la première grande exposition de ses œuvres au musée Pouchkine de Moscou, qui se conclut par une rencontre à la résidence Novo Ogarev avec le président russe Vladimir Poutine, lequel félicite l'artiste.
/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_37049a_132488459-o.jpg)
La même année, ses sculptures sont exposées au Lido de Venise dans le cadre du festival Open 2003 Art et Cinéma , puis au musée de la Monnaie à Paris, où elles restent jusqu'en 2004.
Face à l'immense succès critique et public rencontré, le ministre français de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, décerne à Gina Lollobrigida le titre de Commandeur de l'Ordre des Arts et des Lettres.
La boucle était bouclée: Gina Lollobrigida avait montré que son talent ne s'arrêtait pas à l'apparence et avait définitivement pris sa revanche sur l'étiquette de simple jolie fille" que Hollywood avait voulu lui coller.
/image%2F0964005%2F20251030%2Fob_6dbcc7_2023-01-16t142724z-2146336864-rc2pry9y.jpg)